Interview de Sarah Abderemane, Software Engineer chez Kraken

Sarah Abderemane a un parcours singulier : après des études en marketing, elle opère une reconversion vers la tech, portée par sa curiosité et sa volonté d’apprendre. Diplômée de l’IPSSI en 2019 après un bachelor développeur et un master en cybersécurité, elle travaille aujourd’hui comme Software Engineer back-end chez Kraken. Elle revient dans cette interview sur sa trajectoire, ses défis, ce qui la passionne dans son métier, et les conseils qu’elle donnerait à ceux qui veulent suivre une voie similaire.
Pouvez-vous vous présenter, me parler de votre parcours académique et de votre évolution professionnelle ?
J’ai un parcours assez atypique. J’ai d’abord fait un DUT en techniques de commercialisation, donc plutôt orienté marketing. Pendant ces études, j’ai suivi un cours de communication commerciale où j’ai créé un site web avec des outils très basiques, un peu à l’ancienne, type Dreamweaver. Suite à ce premier contact avec la création technique, j’ai voulu en savoir plus sur les métiers du web.
J’ai donc décidé de me réorienter complètement vers le développement web, et j’ai intégré l’ Université Paris 13 avec une licence professionnelle ATC Métiers du Numérique en Concepteur Intégrateur Web et Mobile puis j’ai été à l’IPSSI pour y faire un master en développement web et cybersécurité. Aujourd’hui, je suis software engineer back-end chez Kraken, une entreprise qui offre une solution technologique personnalisée orientée sur les énergies renouvelables.
En quoi consiste votre métier aujourd’hui ?
Je travaille sur le développement back-end, dans une équipe dédiée à un produit spécifique. On fonctionne avec un système de tickets : chaque tâche, amélioration ou bug à résoudre est enregistrée comme un ticket. Je suis chargée de développer les fonctionnalités liées à mon produit, d’en améliorer certains aspects, et de réfléchir à leur mise en œuvre technique.
Une partie de mon travail implique aussi des échanges avec d’autres équipes, pas directement les clients, mais ceux qui transmettent leurs besoins. Il faut comprendre leurs demandes et traduire ça en code, de façon claire et propre.
Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
La curiosité est essentielle. Chaque jour, on peut être confronté à un problème nouveau, et il faut avoir envie de chercher, d’expérimenter, de trouver la meilleure solution, pas juste la première venue.
Il faut aussi être rigoureux, car une petite erreur dans le code peut faire échouer l'entièreté de l'exécution du programme. Enfin, je pense qu’il faut aimer résoudre des problèmes. C’est vraiment le cœur du métier : quelqu’un formule un besoin ou un blocage, et toi, tu construis la solution.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Ce que j’aime, c’est qu’on apprend en permanence. Ça fait environ huit ans que je développe, et il y a toujours de nouvelles choses à découvrir. La tech évolue très vite, donc on est toujours en train de se mettre à jour, de découvrir de nouveaux outils, de nouvelles façons de faire. On ne s’ennuie jamais.
Avez-vous rencontré des challenges dans votre parcours académique ou professionnel ?
Un des premiers défis a été d’être la seule fille dans ma promo à l’IPSSI. Quand on vient du secteur du marketing, où il y a beaucoup de femmes, forcément ça surprend. Il a fallu trouver sa place dans un environnement très masculin, même si mes camarades ont toujours été bienveillants.
Un autre moment marquant, c’était en entreprise. J’ai été prise de haut par un collègue qui doutait de mes compétences en se basant sur des clichés parce que j’étais une femme. J’ai pris, sans vraiment le savoir, le ticket le plus complexe et ce collègue était le seul qualifié pour revoir mon ticket. Finalement, j’ai réussi à le traiter, et c’est lui qui a dû relire mon code. J’ai donc réussi à le faire changer d’opinion. Mais avec ce genre de préjugés, c’est un peu frustrant quand les gens ont des aprioris sur toi, avant même que tu aies pu faire tes preuves.
Pourquoi avoir choisi l’IPSSI pour votre formation ?
Ce que j’ai aimé à l’IPSSI, c’est le suivi en entreprise. Je tenais absolument à faire mon master en alternance, et l’école offrait un bon accompagnement pour trouver une entreprise, ce qui n’est pas toujours facile, surtout quand on vient d’un autre domaine. J’avais déjà travaillé avant, notamment comme animatrice, donc j’avais ce besoin d’être dans l’action, pas seulement dans la théorie.
Qu’est-ce que l’IPSSI vous a apporté ?
Elle m’a permis de démarrer, tout simplement. J’avais un profil très éloigné de la tech, mais j’ai eu ma chance. J’ai acquis les bases techniques nécessaires pour me lancer. Mon entreprise d’alternance, TKT Thinking Technology, m’a ensuite recrutée en CDI, donc l’école a été un vrai tremplin pour ma carrière.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Je suis aujourd’hui software engineer, mais à terme, j’aimerais peut-être évoluer vers un poste de manager. J’ai aussi un grand intérêt pour l’accessibilité numérique, et avec la montée de l’IA, je réfléchis à comment rendre ces outils plus accessibles, sans perdre de vue l’aspect technique. Ce sont des pistes, mais je garde l’esprit ouvert.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui aimerait suivre votre voie ?
Crois en toi et donne-toi les moyens. Je suis partie de zéro, sans aucune base en tech, et pourtant j’y suis arrivée. Il faut prendre le temps d’apprendre, faire une veille technologique régulière, et surtout, oser se lancer. C’est un domaine exigeant, mais très formateur. Si tu es curieux et motivé, tu peux vraiment progresser vite.