Interview de Louison Opa – Directeur Informatique Adjoint à Columbia University

Louison Opa a débuté sa carrière dans l’informatique à l’IPSSI avec une certification en Administrateur Réseau en alternance dont il a été diplômé en 2001, avant de poursuivre une trajectoire internationale. Aujourd’hui Directeur Informatique Adjoint à Columbia University à New York, il revient sur son parcours, son quotidien professionnel, et l’importance de la curiosité, de l’humilité et du mentorat dans un secteur en constante évolution.
Pouvez-vous vous présenter, me parler de votre parcours académique et de votre évolution professionnelle ?
Je m'appelle Lamaca Louis Opa, d’où mon surnom Louison. Mon parcours dans le domaine informatique a réellement démarré à l’IPSSI, que je connaissais à l’époque sous le nom d’« IP de formation ». Ce qui m’a convaincu de rejoindre cette école, c’est son modèle d’apprentissage en alternance. On alternait trois semaines en entreprise et une semaine en cours. C’était une formule très efficace pour monter rapidement en compétences sur le terrain.
J’ai aussi été marqué par l’accompagnement personnalisé que proposait l’école. Le fondateur, Charif, était très impliqué : il m’a aidé à trouver ma première entreprise, et lorsque celle-ci a déposé le bilan, il était informé avant moi. Il a continué à me soutenir dans ma recherche. C’est un encadrement que j’ai trouvé remarquable, et que je n’ai pas revu souvent par la suite.
Dès ma sortie de l’IPSSI, j’ai été approché par une SS2I, ce qui m’a conduit à quitter l’école assez rapidement. J’ai ensuite poursuivi mon parcours professionnel dans l’informatique, d’abord en France, puis j’ai saisi une opportunité de partir aux États-Unis.
Après quelques expériences ponctuelles dans le domaine du réseau et des systèmes, j’ai intégré la City College of New York en tant qu’ingénieur. Puis je suis devenu responsable IT pour différents établissements universitaires new-yorkais. Aujourd’hui, cela fait plus de 10 ans que je travaille à Columbia University, où j’exerce actuellement la fonction de directeur adjoint informatique.
En quoi consiste votre métier aujourd’hui ?
Mon poste est principalement tourné vers la gestion de projets informatiques. Je coordonne plusieurs équipes d’ingénieurs, notamment dans les domaines du support utilisateur et des services cloud.
Mon quotidien est rythmé par de nombreuses réunions de suivi, des échanges avec les clients internes pour s’assurer de leur satisfaction, et la supervision de projets techniques, notamment dans le domaine de la cybersécurité.
J’ai aussi eu l’occasion de contribuer au volet académique, en tant que faculty associate, un rôle qui n’a pas vraiment d’équivalent en France. J’assiste les professeurs sur le plan technique et pédagogique, je soutiens les étudiants, et je suis même chargé de certains cours. Cette double casquette m’a permis d’explorer d’autres aspects du métier, plus humains et pédagogiques.
Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Je dirais d’abord la curiosité. Il faut toujours vouloir apprendre, se tenir informé des évolutions technologiques, et ne jamais se satisfaire de ce qu’on sait déjà. Ensuite, il faut être organisé, avoir une grande capacité de mémorisation, et surtout être humble.
Je recommande aussi fortement de trouver un mentor. J’en ai moi-même plusieurs, tous issus de milieux très différents — IBM, Columbia, ou encore des grands groupes financiers. Leurs conseils et leur regard extérieur ont été déterminants dans mon évolution.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Ce qui me stimule, c’est d’abord l’impact concret de mon travail. Par exemple, après une fuite de données majeures au sein du système hospitalier de Columbia, j’ai été recruté pour sécuriser l’ensemble de l’infrastructure. Ce type de mission donne beaucoup de sens à ce qu’on fait.
J’apprécie aussi la diversité des sujets traités : sécurité réseau, relation client, encadrement d’équipe, innovation technologique… C’est un métier qui ne s’arrête jamais vraiment.
Avez-vous rencontré des challenges dans votre parcours académique ou professionnel ?
Certainement la transition vers des postes à responsabilité dans un environnement syndiqué comme celui de la fonction publique new-yorkaise. J’ai dû affronter de fortes résistances internes, notamment lorsque mes fonctions n’étaient pas reconnues par les syndicats locaux. Cela m’a appris à négocier, m’adapter et surtout rester résilient.
Un autre grand défi a été la crise du Covid, qui m’a obligé à concevoir un plan de continuité d’activité, à réorganiser les services pour basculer en télétravail, et à former mes équipes à distance en urgence.
Qu’est-ce que l’IPSSI vous a apporté ?
Au-delà des compétences techniques, l’IPSSI m’a surtout permis de mettre un pied dans le monde professionnel très tôt, grâce à l’alternance. C’est une approche qui m’a donné une longueur d’avance, car j’étais opérationnel dès mes premières expériences.
Et surtout, l’accompagnement humain a été un vrai plus : on ne se sentait pas laissé seul face aux difficultés. Je pense que l’école a beaucoup évolué depuis, et c’est une bonne chose. Elle semble désormais développer son réseau alumni, ce que je trouve essentiel pour créer de vraies passerelles entre générations d’étudiants.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Je souhaite continuer à évoluer dans des fonctions à la croisée de la technologie et du management. J’aimerais aussi approfondir ma place dans l’enseignement et le mentorat. Transmettre ce que j’ai appris est quelque chose qui me tient à cœur, d’autant plus dans un domaine aussi exigeant que l’informatique.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui aimerait suivre votre voie ?
Mon conseil principal serait : soyez curieux et trouvez des mentors. Apprenez à apprendre, et cherchez à rencontrer des personnes inspirantes, qui vous tirent vers le haut. N’ayez pas peur de poser des questions, d’approcher des profils expérimentés. C’est comme ça qu’on progresse.
Et surtout, restez humble et déterminé. Ce domaine est exigeant, mais passionnant pour peu qu’on sache s’y investir avec sincérité.